On dit que l'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde. Rudy Luxe, entrepreneur de 31 ans, confirmera, lui, que l’éducation peut changer des vies. Elle aura, en tous cas, aiguillé la sienne. Adolescent, Rudy perd sa maman et du même coup, le gout des études. Il dévie alors du chemin de l’école. Son parcours sera cependant ponctué de rencontres inoubliables. Il sera épaulé par plusieurs personnes qui, à différents moments de sa vie, l’encourageront à poursuivre ses études et à laisser éclore son potentiel. Aujourd’hui à son propre compte, ce spécialiste de l’audiovisuel revient sur son parcours et son envie inébranlable de réussite.
Alors qu’il avait 15 ans, le jeune Rudy, issu de Cité Ste Catherine, se débrouillait plutôt pas mal au Marcel Cabon SSS, à Beau-Bassin. Il se souvient avoir même été premier de sa classe et de l’établissement en biologie. Et puis, au décès de sa mère, ses résultats scolaires piquent du nez.
Rudy se souvient :
L’un des profs, Monsieur Chow, m’a dit que c’était à cause du décès de ma mère, mais je ne l’ai pas cru. Ce n’est que plusieurs années après que j’ai réalisé que mon prof avait raison.
Rudy participe aux examens du School Certificate (SC) deux années de suite, mais ses résultats ne lui permettent pas d’aller plus loin. Après ces deux tentatives, il arrête l’école et enchaîne les boulots : en centre d’appel ou encore avec son père, qui est maçon. Mais ça ne colle pas. Créatif dans l’âme, il ne se retrouve pas dans ces métiers.
Rudy se souvient :
Mon papa et ma famille ne croyaient plus en moi. Et je les comprends. Mais moi, je n’ai jamais douté. Je connaissais mes capacités.
Et le destin lui donnera raison. Alors qu’il se balade avec des jeunes de la cité, il rencontre Suzy Coombes, officier de liaison d’ENL Foundation, qui lui parle de réintégration scolaire. Après réflexion, il la rappelle un jour où il se promenait sur le terrain de foot de la localité. « Elle m’a dit : reste où tu es, j’arrive. On s’est assis et on a parlé longuement. J’ai ensuite rencontré le directeur de la fondation, Mario Radegonde. » De là, le destin de Rudy prend une toute autre tournure.
« À la maison, on ne croyait plus en moi et mon frère m’avait proposé de me trouver du boulot là où il travaillait », explique Rudy.
Avec l’appui financier et un encadrement d’ENL Foundation, il reprend, après une parenthèse de deux ans, le chemin de l’école et intègre le collège OCEP, à Port-Louis. Là-bas, il ne se sent ni seul ni diffèrent. En effet, de nombreux élèves sont dans des situations similaires : eux aussi sont dans la même tranche d’âge et tentent à nouveau d’avoir leurs diplômes secondaires.
Rudy réussit son SC, puis son Higher School Certificate (HSC) et veut aller plus loin. Ayant un vif intérêt pour les métiers créatifs, il entame des études de Graphic Design à la University of Technology, Mauritius (UTM). ENL Foundation continue de l’accompagner et prend en charge une partie de ses frais universitaires. Pour trouver l’autre partie, Rudy travaille dans un restaurant pendant quelques mois et sa famille lui vient aussi en aide comme elle le peut. « Le plus gros souci pour moi, pendant cette période, était financier. Ce n’était pas facile de travailler et de poursuivre des études à plein temps en même temps », raconte-t-il.
Il aura aussi, à différents moments, du soutien de la part de Rajkumar Jhurry, directeur de la JR School.
C’est important pour moi de parler de toutes ces personnes qui m’ont aidé parce que sans elles, je n’y serais pas arrivé.
Son diplôme universitaire en poche, il obtient un emploi en tant que Packaging Designer dans une entreprise de cosmétiques du nord de l’île. Le temps passe et un jour après la messe, Rudy croise un ami, Sébastien. Celui-ci travaille pour l’agence de pub Circus et Rudy lui demande de lui trouver un stage. La chance est de son côté. Après un stage chez Circus, Rudy intègre à temps plein l’équipe audiovisuelle de l’agence.
Plus tard, armé de cette belle référence, il se voit offrir d’autres opportunités. Il prend des risques et son papa achète du matériel audiovisuel à crédit. Mais la malchance et la Covid-19 font que Rudy se retrouve sans emploi et endetté pendant la pandémie.
Il lance alors son propre studio. Immortalize Creation et travaille aussi, après la réouverture des frontières, comme guide chez Keep the Pace, petite entreprise fondée par une connaissance, Nicolas, qui organise des sorties en pleine nature. C’est là que lui vient l’idée de proposer des photos professionnelles aux clients. Depuis, grâce au bouche-à-oreille, Rudy a trouvé un marché niche où il peut mettre à profit ses compétences. C’est avec confiance et détermination que le jeune homme, qui et aussi président de « Zenerasion Nou Kapav », envisage la suite.