Notre collègue Olivier Jolicoeur, « Corporate Communication Coordinator », nous fait le récit de son séjour dans l’un des centres de quarantaine de l’État, une prison dorée rendue tout juste supportable par le travail à distance.
Avant d’aller en quarantaine, les appréhensions étaient énormes. Nous avons tous entendu les témoignages de différentes personnes quand les premiers centres de quarantaine ont vu le jour. Pas de Wi-Fi ni de télévision ni de livre ni de radio. Rien d’autre à faire que de regarder le plafond, allongé sur un lit, ou de se dégourdir un peu les jambes. Cela semblait effrayant, mais, quand mon épouse et moi sommes arrivés au Casuarina Resort & Spa, à Trou aux Biches, la surprise a été grande.
Ce témoignage n’a pas pour but de discréditer l’expérience vécue par d’autres personnes, mais juste le récit personnel de ma quarantaine. Nous étions loin des conditions déplorables de départ et le personnel présent était fort accueillant.
30 avril, 23h30. Nous descendons du bus venu nous récupérer à l’aéroport en toute discrétion pour nous amener sur le lieu de quarantaine. Nous étions environ 73 personnes. C’était ma première sortie en pleine nuit depuis l’annonce du couvre-feu. Nous avons franchi tous les barrages de police avant d’arriver à l’hôtel. On m’a mis dans une chambre avec pour instructions de limiter mes sorties et de toujours porter un masque, tout en respectant la distanciation sociale.
Au début, c’était difficile de rester entre quatre murs sans pouvoir en sortir, une sorte de prison dorée. Mon épouse et moi n’étions pas dans la même chambre et les contacts très limités. Mais maintenant, je me suis habitué. Je mange dans la chambre, j’y fais du sport, des pompes. Tout se fait dans la chambre. On a une petite salle de bain, une télévision et une connexion Wi-Fi.
Aucune sortie n’est autorisée. Les agents du ministère de la Santé qui assurent le suivi des contacts respectent la distanciation d’au moins un mètre et ils portent des masques ainsi que des gants. Une fois, je suis sorti pour aller récupérer mon ordinateur à la réception et au moment de descendre, je me suis fait remonter les bretelles pour n’avoir pas mis de masque.
Une assistance médicale est aussi prévue, car des personnes supportent très mal la quarantaine. Les repas sont assez variés, mais manquent parfois de saveur. On est toutefois obligés de manger ce qu’on nous donne, on n’a pas le choix. Pour le petit déjeuner, on nous sert chaque jour la même chose, vers 9h00.
La vue sur la mer, ça donne envie de sortir. Mais je ne vois personne. Je sors juste dans le couloir pour vider ma poubelle, sans croiser âme qui vive. La personne qui m’apporte à manger échange quelques mots avec moi pour demander de mes nouvelles et l’on prend ma température deux fois par jour.
Les rapports humains sont très minimes, mis à part les conversations sur WhatsApp avec la famille. Ce qui m’aide à meubler mon temps, c’est le travail – entre les réunions et les différentes tâches à accomplir, les journées deviennent beaucoup plus digestes.
Se retrouver ici en quarantaine, enfermé dans une chambre pendant 14 jours, indépendamment de sa volonté, n’est pas une sinécure. Le mieux, c’est d’éviter d’y être obligé. Rester chez soi et éviter les déplacements inutiles. Nous avons vu que les cas communautaires sont un réel danger : respectons les mesures d’hygiène, portons des masques et surtout, « restons solidaires ». Une énorme pensée pour le personnel soignant qui se dévoue tous les jours pour soutenir les personnes qui se trouvent en quarantaine.