Le confinement a rendu les opérations agricoles très difficiles, faute de main-d’œuvre. Résultat : la mise en terre de nouvelles cultures est retardée, les récoltes aussi.
L’hiver est derrière la porte et les ménages se réjouissent d’habitude de la perspective d’une abondance de légumes compte tenu de conditions climatiques plus favorables à la production. Et qui dit abondance dit également des prix plus abordables pour le plus grand nombre. Cette année toutefois, le coronavirus est quelque peu venu changer la donne.
Jean Raymond Hardy, CEO d’ENL Agri estime que:
La crise va certainement affecter la production. De combien, il est difficile de prédire. Cela va dépendre du temps de confinement et de la relance des opérations. Malgré une planification élaborée, les choses vont prendre du temps à se réaliser. À la louche, je dirais que nous allons produire environ 25 % de moins.
La production maraîchère est une activité à forte intensité de main-d’œuvre. Or, l’impératif d’aplatir la courbe d’évolution du coronavirus sur le territoire mauricien rend le confinement obligatoire, ce qui en affecte la disponibilité. Ainsi, la mise en terre de nouvelles semences, surtout en pleins champs, est sensiblement entravée.
« Il faut labourer la terre et la préparer pour accueillir les nouvelles semences. Les ressources sont très limitées et nous n’arrivons pas à rester dans les temps », explique Jean Raymond Hardy. Produit consommé par tous les Mauriciens, la pomme de terre, par exemple, demande un conditionnement minutieux de la semence, la préparation de la terre et l’entretien des cultures jusqu’à la récolte, soit 90 à 100 jours.
Les semences de pomme de terre commandées par ENL Agri arrivent au port le lundi 20 avril et l’entreprise a formulé une demande de permis de travail additionnels pour ses équipes. La course contre la montre est engagée.
Conscient de cette difficulté et mû par la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire dans le pays en cette période de confinement quasi généralisé dans le monde, le gouvernement encourage les cultivateurs à regagner leurs champs dans le respect des règles sanitaires en vigueur. On peut donc s’attendre à une normalisation graduelle de la situation. « C’est un arbitrage sans doute difficile à faire et il est tout à fait naturel que les considérations sanitaires l’emportent », souligne le CEO d’ENL Agri.
Les premières semaines du confinement ont été les plus difficiles pour cette filiale du groupe. N’ayant pas encore eu de Work Access Permit (WAP), des récoltes n’ont pu être réalisées à temps, occasionnant éventuellement des surplus ponctuels difficiles à écouler sur un marché frappé par le Lockdown. Ces surplus ont été offerts à des ONG soutenues par ENL. Il s’agissait principalement de laitue et de concombres, entre autres. Depuis, ENL Agri a graduellement recommencé à fonctionner, quoiqu’avec un personnel réduit au strict nécessaire.
ENL Agri compte parmi les plus gros producteurs canniers du pays. La production non-sucre représente un peu plus de 40 % de ses activités agricoles. En plus d’être un important fournisseur de plantes décoratives aux paysagistes, cette filiale du groupe ENL élève du poulet de table pour le compte d’Eclosia et cultive une variété de légumes suivant les pratiques d’une agriculture raisonnée, en pleins champs et sous serre. Pomme de terre, laitue, poivrons, concombre, aubergine et autres tomates sont parmi ses produits phares.